LEGENDES
- CONTES - HISTOIRES COURTES
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LA
DERNIERE CIGARETTE
Depuis
longtemps le désir d'arrêter de fumer lui travaillait l'esprit. Mais
ses efforts n'étaient que des prétextes et ses prétextes
des fumisteries. Il prit cependant une ferme décision : ne fumer qu'un
seul paquet de cigarette par semaine. Cette première mise à l'épreuve
qu'il s'imposa fut une réussite. Quelques mois plus tard, il n'acheta plus
de cigarette et cessa presque totalement de fumer. Seuls ses amis qui lui tendaient
bien souvent leur paquet attisaient sa manie. Ainsi, avec une volonté de
fer et un combat de tous les jours, il ne fuma plus qu'une, deux ou trois cigarettes
par jour. Il fixa des dates pour réussir une abstinence totale mais c'était
toujours demain, après demain et ainsi de suite. Cela dura longtemps, trop
longtemps et il comprit... Ce qu'il n'avait pas trouvé c'était
la dernière cigarette... Il l'a cherche encore... Aux dernières
nouvelles, il en est à cinq paquets par jour.
Y parviendra t-il malgré
la maladie qui le ronge depuis peu ?
(C'est
facile d'arrêter de fumer, la preuve... ça fait plusieurs fois que
je recommence)
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LA
LEGENDE DU VENT.
Après
plusieurs heures de marche au cur du désert, le miracle se produisit...
il vit un seau devant lui. Lorsqu'il voulut s'y désaltérer le verre
gigantesque se déroba. Seule l'étincelle de son regard reflétait
surprise et déception.
Semblable
à un automate, il reprit sa marche dans l'immense océan de sable
; doux, comme un corps de femme, brûlant, comme un enfer d'amour. Il ondulait
parfois parmi d'énormes seins où la nature ; déesse des déesses,
divinité des divinités, avait façonné le décor
avec la légèreté et la pureté de sa force suprême.
Malgré
le grand vide dont il était victime, une étrange plénitude
l'envahissait. Pourtant il était seul, horriblement seul. Il disparaissait
peu à peu, englouti, happé dans les profondeurs du silence pour
ne devenir qu'un point, une poussière de sable ; loin, bien loin de l'immobilité
de l'horizon. Mais par quelle volonté était-il poussé ?...
Il
avait eu des prédécesseurs, il eut des successeurs et l'on n'a jamais
vraiment su pourquoi certains vents ont une âme et leur souffle souvent
est proche de la voix.
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LE
RETARD.
Ce jour
là, je n'avais pas vu le temps passer. C'est normal, j'avais le dos tourné.
(le
temps est un facteur qui a ses lettres de noblesses)
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L'INSTITUTRICE
D'une voix monocorde l'institutrice poursuivait
son cours. Elle avait toutes les peines à cerner son sujet et la recette
de ses solutions n'était plus qu'une omelette de mots. J'essayais vainement
de lui expliquer, ce que je voulais qu'elle me fasse comprendre.
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LE
MENTEUR
"
Tu mens, tu mens encore hurlait cette pauvre femme à son mari. Mais t'est-il
arrivé de dire une fois la vérité ? " " Non, jamais...
à moins que je ne mente encore. "
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LE
PARADOXE
Il était d'une nature tout
à fait paradoxale. Un jour il était gai, un autre il était
triste. Il aimait être entouré mais parfois il lui prenait
subitement l'envie de baigner dans la solitude. Il aimait ses amis puis sans raison
apparente, il les haïssait. Il était gentil, aimable, il devenait
aussi violent, vulgaire. Une nuit il sauva héroïquement un ami de
la noyade. Quelques temps après, le corps de ce dernier fut retrouvé...
carbonisé.
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L'INSOMNIAQUE
J'avais
tout essayé pour trouver le sommeil, sauf les comprimés et je comptais
bien m'en passer. Mes nuits étaient courtes et si je fermais l'il
quelquefois c'était bien pour soulager mes paupières. J'avais essayé
en vain, les solutions les plus saugrenues pour n'avoir aucun regret. Rien n'avait
marché.
Puis
ce fut le tour des moutons. Oui, oui des moutons. On m'avait laissé entendre
à plusieurs reprises que le fait de compter des moutons emmenait à
la somnolence puis au sommeil. J'étais septique. Mais foi d'insomniaque,
je devais en avoir le cur net.
Un
soir, sur les coups de onze heures, je me mis en condition afin de rendre accessible
ce repos tant recherché. J'imaginais mes moutons. Des blancs, des noirs,
des grands, des petits. Tout le troupeau gambadait gaiement. Allez c'est l'heure,
allons nous coucher. On ne traîne pas, allez, allez. Je me couchais entouré
de mes moutons. Le temps passa
un instant je crus m'endormir oubliant de
comptabiliser mon troupeau.
Puis
je commençais. Un mouton, deux moutons, trois moutons, (une heure après)
deux cent vingt et un moutons, deux cent vingt deux moutons, deux cent... deux
cent... deux cent... j'étais sur le point de m'endormir, quand tout à
coup, l'une des bêtes sortit du troupeau. Je ne pensais pas qu'une poursuite
effrénée allait s'engager. Surtout, erreur fatale, je n'avais même
pas pris la précaution de m'accompagner d'un chien. " Là, sage,
yep... yep " j'essayais de diriger la brebis ou le mouton, je ne sais plus
vers ses congénères mais chaque fois que je m'en approchais, elle
s'éloignait un peu plus. Toute la nuit, cela a duré toute la nuit
pour ramener cette P... de bestiole, je n'ai pas fermé l'il. Le lendemain
vous pensez, je ne suis pas allé travailler... j'ai dormi toute la journée.
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VISIONS
D'ETE
Depuis plus
d'une demi-heure, sur cette plage ensoleillée, mon regard visitait l'exposition
des corps. Quand, une ombre rebelle vînt perturber ma séance de bronzage.
Cette éclipse inattendue fut une révélation... Une délicieuse
silhouette féminine ondulait sur le sable. La jeune femme, quelque peu
hésitante, s'immobilisa non loin de moi. Elle était bien plus séduisante
que toutes les crêpes qui doraient au soleil. Elle déposa son sac
retira ses lunettes ; dès lors, ma surprise ne cessa de croître.
De magnifiques yeux verts étincelaient au-dessus d'une bouche souriante
et sensuelle. Ses lèvres, rouges et humides, luisaient comme un fruit.
Elle plia légèrement pour mettre à nu ses pieds
cette
vision allait me transporter. Un vent léger dansait sous sa jupe, au-dessus
du mollet. L'ondoiement de son petit vêtement permit à mon regard
une ascension divine. Ses longues jambes fuyaient mystérieusement. Le but
était d'autant plus excitant qu'il paraissait inaccessible. La provocation
fut à son comble, un courant d'air coquin souleva plus encore le fin tissu.
Le haut de sa cuisse m'était apparut bien rond sous une peau de velours
dont la douceur était insoupçonnable. Je plongeais mon regard le
plus haut possible parvenant presque à ; mais d'un geste pudique, légèrement
arc-boutée, elle avait maintenu sa robe. Cette position dévoila
de nouveaux appas. Ses seins se présentaient à moi fermes, biens
ronds, comme deux pommes dans un nid douillet. Elle se redressa avec une élégance
féline. Puis, presque aussitôt, se retourna, déplia sa serviette
de bain et bascula de nouveau pour l'étendre sur le sable. A cet instant
le petit courant d'air coquin contre attaqua soulevant une nouvelle fois son petit
habit. Elle répéta son geste précédant et avec douceur
posa une main sur le bas de ses reins. De nouveau perdu sous sa jupette, je cueillis
au passage la vision d'une fine dentelle blanche. Tout à coup, elle changea
d'attitude, fit tomber son vêtement et dégrafa son soutien gorge.
Ses cuisses apparurent parsemées de petites crevasses, ses seins flétris
tombèrent sur sa poitrine. Elle prit une crème à bronzer
et l'appliqua sur son bas ventre. Un liquide jaune, gras et gluant scintillait
maintenant sur ses bourrelés. Elle fit quelques pas maladroits sur le sable.
La sueur et la crème solaire ruisselaient dans les plis de sa chair rendue
flasque et tremblante. Ses articulations s'accompagnaient d'une sorte de bave.
Avant de s'étendre sur sa serviette qui pouvait maintenant lui servir d'éponge,
elle renifla fortement et souffla. Un cracha étouffé par un mélange
de salive et de morve s'échappa de sa bouche et atteignit le sable. Au
même moment le petit vent coquin venu se réfugier près de
moi déposa sur mon bras quelques postillons verdâtres. Je tentais
vainement de rhabiller le mollusque qui me souriait afin de retrouver les visions
qui avaient fait monter en moi un désir surnaturel.
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LA
LEGENDE DU ROCHER.
De
la Pierre Plantée ; monolithe de calcaire datant de la préhistoire,
aux poteries, oboles massaliennes, ossements, ufs de dinosaure, découverts
ces dernières années, en passant par la falaise, le plateau, le
Griffon et Fontblanche avec leurs vestiges gallo-romain, sans oublier le vieux
village qui a conservé les traces de différentes époques...
la ville de Vitrolles a plus d'attraits et de mystères que ce que l'on
peut imaginer. Mais parmi toutes ses particularités, il en est une qui
ne peut passer inaperçue. C'est le rocher. Ce magnifique roc escarpé
d'une hauteur vertigineuse, domine à perte de vue. Un escalier taillé
dans la masse permet son ascension. Au sommet, la chapelle, construite au début
de la période romane, est dédiée à Notre Dame de vie.
On la fête chaque année le 15 août avec une grande dévotion.
Jadis, un château occupait les hauteurs du rocher et les raisons pour lesquelles
la chapelle lui a succédé ont donné naissance à cette
légende.
Ce
jour là, un cavalier tenta de gravir les marches du rocher, il fallut plus
de dix hommes pour l'en empêcher. Vouloir atteindre le château à
cheval et sans autorisation cela était très dangereux. Il justifia
son audace par un message de mauvaise augure. " Quittez le château
et vos vies seront épargnées. " Le prince dévisagea
l'étranger et comprit aussitôt qu'il avait à faire à
des barbares venus de contrées lointaines. Il chercha un compromis mais
ce fut peine perdue. L'homme faisait sans cesse référence au message
de son grand chef. Le prince exaspéré le fit raccompagner sans ménagement.
Du haut du rocher, il examina la situation. Une bonne centaine d'hommes rôdaient
à quelques lieues. Malgré la réputation de forteresse imprenable,
le prince était soucieux. La rudesse de l'hiver avait eu raison de leurs
provisions. Les fûts d'huile bouillante destinés à repousser
toute escalade ne pouvaient être réapprovisionnés. Le bois
leur faisait également défaut et les archers risquaient fort de
se trouver démuni de flèche. En conclusion, un siège prolongé
épuiserait leurs réserves d'armes et de nourritures. Il fallait
donc provoquer ces hommes dans l'espoir qu'ils ripostent aveuglément. Les
archers prirent position et des salves de flèches traversèrent les
airs. Mais il n'y eut aucune réaction de la part des belligérants.
Leur stratégie était bien celle redoutée.
Le
siège dura plus de vingt jours. Les barbares attaquaient par vagues successives.
Les fûts d'huile les repoussèrent par trois fois et lorsqu'ils furent
à sec, les archers entrèrent en action. Les chutes étaient
meurtrières. Une trentaine d'hommes gisaient au pied du rocher. Dans la
pièce d'armes, le prince cherchait vainement une solution pour contenir
l'ultime attaque. C'est alors qu'il fut interpellé. "Monseigneur,
monseigneur " "Que veux-tu moine ? " " Nous pouvons repousser
nos assaillants. J'ai fait vux de révéler le fruit de mes
prières seulement si l'on promet de construire une chapelle à la
place du château. " " Quel ignoble chantage, s'écria l'un
des gardes. " " Moine, Je suis prêt à tenir toutes les
promesses pour sauver nos vies, dit le prince mais si ta solution est erronée,
tu quitteras le château et rejoindras ceux que tu prétends repousser.
" Le moine plongea une main dans sa poche et en sortit un cube verdâtre.
" Voilà monseigneur " Il y eut une grande exclamation. "
La plaisanterie a assez duré, s'indigna le prince. " " Attendez
monseigneur, ce cube n'est pas ordinaire, c'est un savon très puissant
qu'un confrère m'a rapporté, j'en possède quatre tonnelets.
" Une seconde exclamation traversa la salle. " Ma patience a des limites,
insista le prince, exprime-toi clairement ou quitte le château. " "
Monseigneur, il suffit de dissoudre ces cubes dans des bacs emplis d'eau et d'en
recouvrir les parois du rocher. Le sommet sera alors inaccessible. " Un lourd
silence succéda à ses paroles. Après quelques instants de
réflexion le prince fit exécuter les recommandations du moine. Dès
le coucher du soleil tout le monde se mit à pied d'uvre pour badigeonner
les bords du rocher.
Comme
l'avait prévu le prince, les barbares donnèrent l'assaut au milieu
de la nuit et comme l'avait prédit le moine aucun intrus ne parvint au
sommet. Au lever du jour les quelques survivants prirent la fuite. Le prince tint
sa promesse, la chapelle fut construite et de nombreuses maisons vinrent peu à
peu prendre refuge au pied du rocher.
Cette
légende entretient une part de mystère car si vous promenez sur
les hauteurs du rocher, vous serez transportés par un étrange sentiment
de paix et de tranquillité... il suffit simplement de regarder avec les
yeux du cur et laisser son âme voguer sur l'air du temps.
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LA
CHANCE.
C'était un brave homme qui
n'avait jamais eu de chance. Bien sur cela le rendait malheureux, mais plus il
était malheureux moins il avait de chance d'avoir de la chance. Son entourage
le réconfortait, l'encourageait dans les moments difficiles. " Tu
verras, disaient certains, avec le temps tout arrive. "
Effectivement
tout lui arrivait mais jamais dans le sens ou il l'entendait. " La chance
c'est la maîtresse du hasard, on l'a rencontre tôt ou tard. "
lui répétait avec philosophie un ami d'enfance. Les formules d'encouragement
ne manquaient pas notamment... "t'en fais pas la roue tourne. " "
Tu verras la roue tourne
"
En
effet, un beau jour la roue tourna, mais ce jour là fut le dernier car...
il était dessous.
Le
bonheur c'est comme la chance, le passé lui donne une évidence.
(Ne pas aider quelqu'un
quand on peut faire quelque chose c'est une façon de lui mettre les bâtons
dans les roues)
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LA
CHANTEUSE
Depuis
plus d'un quart d'heure la foule huait cette pauvre chanteuse. Elle semblait ne
pas comprendre que les sifflets et les cris qui lui étaient destinés
n'avaient qu'un but ; la faire taire. Comme elle ne comprenait pas, elle continuait
de plus belle. Nous étions au bord de l'émeute. Le public réclamait
sa tête. " Faites lui manger le micro " "pendez-la au câble
" Piquez-la " "pétez-lui les cordes vocales " "jetez-là
au public " Ce n'était plus la fête de la musique, c'était
AVORIAZ dans toute sa splendeur. J'imaginais le lynchage de l'artiste, quand tout
à coup ma rêverie fut animée par de petites étincelles.
Là, au devant de la scène, un groupe de personne avaient allumé
leurs briquets. Ce n'est pas possible pensais-je ; ce doit être des proches,
de la famille venue pour la soutenir. Mais si tel était leur but et si
elle continuait à brailler, elle aurait besoin d'un tout autre soutien.
Par curiosité je décidais d'y voir plus près. Je me
frayais un passage dans la foule en délire et parvins à la hauteur
du groupe. Mais oui, c'était bien leur briquet qu'ils agitaient. J'avais
du mal à me faire à cette idée et ne pus m'empêcher
de questionner la personne qui m'était la plus proche. " Dites, jeune
homme, je vois que vous vous efforcez de maintenir votre flamme, cette chanteuse
elle vous plaît vraiment ? " "Mais non, hurla-t-il, vous ne voyez
pas qu'on essaie d'y mettre le feu."
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LA
CICATRICE
Je m'approchais d'elle, je palpitais
comme un volcan.
Elle me repoussa légèrement.
" D'où
te viens cette cicatrice sous le menton ? "
" Quand j'étais
petit, j'aimais grimper aux arbres, un jour ; je suis tombé. "
" Ca prouve que tu étais déjà mûr. " répondit-elle.
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L'INVITE
"
Aujourd'hui nous recevons Monsieur FANTE pour son ouvrage : " le trou noir
" une sombre histoire soit dit en passant qui a, je le crois, un rapport
étroit avec ses uvres précédentes. Alors je voudrais
avant tout Monsieur FANTE que vous nous relatiez en quelques mots votre parcours
littéraire.
" Oui
eh bien, j'ai écris, publié
et édité trois romans.
Le premier ouvrage fut : " La mort
te suit ".
Le second : " Ne te retourne pas ".
Le troisième
: " Presse le pas ".
Je travaille actuellement sur le tome : "Il
est trop tard ".
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L'ISSUE.
Je
fus une nuit transporté par un rêve fantastique. J'étais sur
le point de réaliser le casse du siècle, quand tout à coup,
en traversant le couloir qui m'emmenait au paradis monétaire, l'alarme
se déclencha. La confiance à laquelle je m'étais habitué
peu à peu s'effondra d'un seul coup. J'essayais vainement de dominer ma
peur mais cette putain d'alarme semblait me répéter sans cesse :
" Tu es pris... tu es pris... " Malgré les séances
de yoga que j'avais sérieusement suivi, mon sang froid était mis
à rude épreuve. Les deux sacs bourrés d'oseille jusqu'alors
faciles à transporter semblaient maintenant contenir du plomb. Mon cur
tonnait dans ma poitrine et résonnait jusque dans mes tempes... Des années
d'études et de préparation pour échouer si près du
but. Et quel but ! Je parvenais enfin à la trappe, dernier obstacle pour
atteindre l'extérieur. Je me mis à penser aux difficultés
que m'avait donné l'installation de cette issue. Je décollais les
carreaux mes mains tremblaient et je suais bien plus qu'aux entraînements
intensifs que je m'étais imposés sous un soleil écrasant.
LE SILENCE... L'alarme s'était tut... J'avais l'impression d'être
englouti, d'être avalé par la bouche béante de la nuit. Un
silence lourd et profond me tenaillait... La sueur me brûlait les yeux...
Ma respiration accentuait mes craintes au point de me sentir trahi par elle comme
par une présence ennemie. Je dévissais maintenant la plaque de plomb
qui protégeait les carreaux (ceci afin qu'ils ne puissent se décoller)
Je rapprochais les deux sacs vers la trappe, tout à coup je perçus
quelques bruits. Ils paraissaient lointain vu l'épaisseur des murs. Malgré
les un mètre trente sept qui me séparait de l'extérieur,
j'entendis des voix... LES FLICS. J'étais cuit ; par la chaleur mais aussi
par les circonstances. Je desserrais peu à peu les sacs ; comme un mourant
qui s'accroche à son trésor avant de succomber. Si j'avais minutieusement
préparé mon coup, je n'avais pas envisagé de me taper
vingt ans. Il ne me restait qu'une issue pour échapper à ce triste
sort. Tant pis pour les millions, le temps me permettrait peut-être de me
refaire... Je décidais donc
de me réveiller.
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DIALOGUE
" Nous cherchons tous l'amour idéal " me dit un jour une
femme. Je répliquais : " L'idéal c'est l'ombre du rêve,
il ne commence, il ne s'achève, on peut toutefois l'approcher. "
Elle ajouta simplement : " Comme on dit... l'amour est aveugle. " "
C'est pour ça qu'on se casse souvent la gueule. " répondis-je.
(Si
tu vis pour faire taire les gens tu n'as pas fini de parler)
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LA
LEGENDE DES BAUX DE PROVENCE.
Lorsque
vous visiterez les Baux de Provence, vous songerez peut-être à cette
légende qui laisse rêveur à l'idée qu'un collier d'or
y a été caché et n'a jamais été retrouvé.
Cette merveilleuse histoire prit naissance dans un château...
Le
roi semblait préoccupé. " Qu'avez-vous père ? "
demanda la princesse. " Depuis quelques temps, je suis hanté par le
désir de voir naître mon héritier. Je vous ai promise à
un homme puissant qui protégera notre royaume lorsque je ne serai plus
là. " " Qui est cet homme ? " questionna la princesse. "
Geoffroy. " " Mais père, cet homme là ne protégera
jamais le royaume, il aura plutôt tendance à se l'approprier. "
La princesse resta pensive puis proposa. " Si vous le permettez père,
je partirai demain cacher mon collier d'or dans le village des Baux. Dès
mon retour, nous propagerons la nouvelle
j'épouserai celui qui le
retrouvera. Quant à Geoffroy, je doute qu'il parvienne à ses fins,
le peu de volonté qui l'habite le mettra à rude épreuve.
" " Je vois, dit le vieil homme, vous faîtes allusion à
la tempête qui s'annonce et cela m'inquiète. " " N'ayez
crainte père, je serai prudente et rentrerai avant la tombée de
la nuit. "
La
princesse partit au petit matin, comme prévu. La journée fut longue.
Le soir venu, le roi fit les cent pas devant la fenêtre qui dominait la
route principale du domaine. L'horizon referma peu à peu sa paupière
et les derniers rayons de soleil s'éteignirent. Le vent redoubla de violence,
la tempête s'installa. La princesse n'était toujours pas rentrée
et le roi s'étouffait de remords. La nuit accentua son inquiétude.
La tempête faisait rage maintenant. Il appela ses soldats et leur donna
l'ordre de prendre le chemin des Baux. Ils prirent la route aussitôt. Le
roi pria dans l'obscurité espérant apercevoir à travers le
rideau de neige sa fille saine et sauve.
Mais
les cavaliers revinrent un à un épuisés. Le premier avait
le visage craquelé par la bise, le second avait les jambes gelées.
Ils se succédèrent ainsi toute la nuit. Les derniers étaient
presque morts de froid. Du haut de sa tour, le vieil homme avait suivi le retour
pénible de chaque soldat.
L'horizon
flamboyant annonçait l'éclosion du jour. Le roi restait figé
devant sa fenêtre. Quand tout à coup, un cavalier émergea
de la brume, la princesse était à ses côtés. Les portes
s'ouvrirent et une foule en liesse accueillit l'étranger. Le chevalier
descendit de sa monture et reçu une hospitalité digne de son rang.
La princesse inconsciente fut reconduite dans sa chambre. Lorsqu'elle reprit connaissance,
elle ne se souvint de rien. Chaque jour, son père lui rappela des événements
passés, ainsi, elle retrouva peu à peu la mémoire mais ne
parla jamais du collier d'or. Le roi garda le secret.
Au
printemps, il demanda au chevalier de retourner sur les traces de la princesse
sous prétexte d'y retrouver un bagage égaré. Il revint presque
bredouille. Presque, car il ramena du village des Baux un foulard rouge. Le roi
interrogea sa fille. " Vous souvenez-vous la raison de votre départ
l'hiver dernier ? " " Non père " répondit la princesse.
" Eh bien ! vous étiez partie cacher votre foulard dans les Baux et
aviez
fait la
promesse d'épouser celui qui le retrouverait. " Le chevalier fut saisi
d'étonnement. Le vieil homme savait bien que sa fille n'était pas
indifférente à son sauveur et que leurs sentiments étaient
réciproques. C'est ainsi que la belle princesse épousa l'homme qui
l'avait sauvée de la tempête. Le roi fut comblé, il eut de
beaux petits enfants et sa descendance fut assurée.
Lorsque
vous visiterez les Baux de Provence, vous songerez peut-être à cette
légende qui laisse rêveur à l'idée qu'un collier d'or
y a été caché et n'a jamais été retrouvé.
Cette merveilleuse histoire berce encore aujourd'hui le sommeil des enfants et
fait rêver les grands...
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LES
OEILLERES DIVINES.
LUI
: Je suis le Dieu de moi-même.
LE
CROYANT : Cesse de dire des bêtises.
LUI
: Si tu as besoin d'équilibrer ta vie sur une religion soit... mais moi
je veux vivre mon propre univers, et sans contrainte.
LE
CROYANT : Cesse de blasphémer et repends-toi, Dieu reprend tôt ou
tard ce qu'il donne.
LUI
: Donner c'est donner, reprendre c'est voler.
Un
jour ce dernier partit rendre visite à des amis qui habitaient l'une des
plus grandes villes du pays. Il y eut un tremblement de terre qui dévasta
toute la région. Le croyant apprit quelques jours après que "LUI"
faisait partie des victimes. Il se prosterna.
LE
CROYANT : La puissance divine l'a puni, Seigneur ayez pitié de lui.
CELUI
QUI ECRIT : Diable, que Dieu est puissant, il y eut 6 millions et un morts.
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LA LEGENDE
DU LAC DE L'OEUF.
Au
cur de la France, une région parmi les plus belles : l'Auvergne.
Les paysages sont paradisiaques avec leurs forêts, leurs rivières,
leurs lacs. Ces derniers portent parfois des noms mystérieux tels que le
lac de l'uf qui a donné naissance à cette légende.
Jadis,
il y a fort longtemps, les oiseaux formaient une unique et grande famille. Les
canards, les aigles, les poules, les hiboux, les pigeons, jusqu'aux moineaux partageaient
une vie commune. Les prédateurs ne les attaquaient jamais ; leur union
faisait leur force et ils pouvaient en toute quiétude couver leurs ufs
et leurs progénitures. Les lieux de prédilection propres à
perpétuer les espèces se situaient sur les hauteurs des collines.
L'herbe était douce ; comme la mousse, l'air était pur ; comme l'azur.
Au fil du temps,
les couveuses devinrent de plus en plus nombreuses et les terrains furent bientôt
dénudés de leur végétation. En effet, les pontes successives
empêchaient la nature de reprendre ses droits. Les sols friables s'affaissèrent
et certains sommets ressemblèrent à des nids géants. Ces
modifications n'entraînèrent cependant aucune conséquence.
La vie continua, paisible, jusqu'au jour où un uf fut remarqué
au cur même d'un grand nid. Les couveuses ne s'alarmèrent point
; chacune pensant que le sujet serait rapidement protégé et couvé.
Mais le temps passa... l'uf était toujours là. Un malaise
s'installa peu à peu dans la communauté. Semblable à une
épidémie, le trouble se propagea. Cet abandon fut sans précédent.
Des clans se formèrent et chacun fonda sa propre famille.
Le
conflit prit une telle envergure que certaines espèces décidèrent
de nicher sur des arbres, d'autres de couver dans les montagnes, pis encore, de
vivre la nuit. Ce fut un long et douloureux divorce.
Comme
pour conjurer le sort de gros nuages vinrent assombrir le ciel, les éléments
se déchaînèrent et leurs colères provoqua un déluge
qui dévasta toute la région. Les nids inondés devinrent des
lacs. L'uf de la honte fut à jamais englouti ; ainsi naquit "la
légende du lac de l'uf."
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L'ELECTION
DE MISS BELGIQUE
Toutes
les conditions étaient réunies pour réussir cette grande
manifestation. Des camions de frites étaient venus des quatre coins de
Belgique. Car ils en ont quatre eux aussi. Quatre coins bien sur. Les sponsors
furent nombreux et la promotion fut assurée par l'amicale des huiles végétales
et animales.
En
avant première, il y eut un spectacle, un très beau spectacle. Jongleurs...
mimes
équilibristes... cracheurs de frite... L'entracte dura un quart
d'heure environ puis la chanson : " Ce n'est qu'un au revoir " annonça
la reprise du spectacle. Le concours reprit dans une folle ambiance et l'on regrette
qu'il se soit quelque peu effrité par la suite mais en Belgique tout est
possible. Surtout en Belgique.
Les
plus belles créatures défilèrent. Les concurrentes n'eurent
à déplorer aucune réception de tomate si ce n'est quelques
jets de frite car la foule était en ébullition. En Belgique on a
la frite, on en profite. Le jury eut beaucoup à faire pour désigner
la gagnante. Malgré tout, il fallut une heureuse élue et heureuse
elle le fut. Les larmes aux yeux, elle s'approcha de l'avant scène, c'était
émouvant. Les Belges étaient aux anges. Le présentateur lui
posa quelques questions : "vous êtes heureuse d'avoir gagné
? " La réponse laissa planer un doute. "Oui, une fois. "
(visait-elle déjà les concours suivants ?) Il y eut encore d'autres
questions... beaucoup de questions belges bien sûr. Le concours s'acheva
sur des remerciements. Remerciements que la gagnante adressa à tous ceux
qui avaient participé à l'obtention de son titre. " Je tiens
à remercier Jean Loup avec lequel nous avons travaillé le
côté physique et le côté mental... Je remercie également
Domi... mon manager, sans oublier Dadou qui a entièrement assumé
ma nutrition et enfin une dernière personne sans laquelle je ne serais
pas là aujourd'hui, c'est Jany, mon ami, qui a parfaitement réussi
mon opération. Aujourd'hui je me sens femme à part entière
"MERCI A TOUS. "
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LA
LEGENDE DE LA REINE JEANNE.
La
Reine Jeanne aurait, parait-il, passé incognito une nuit dans un village
provençal. Cette rumeur a traversé le temps jusqu'à nos jours,
elle est le fil conducteur de la légende qui suit.
La
nuit tombait sur le village et les flocons de neiges qui papillonnaient depuis
quelques jours provoquaient un étrange contraste. Un vieux carrosse emprunta
la ruelle principale du village. Cet événement eut été
banal si François, le forgeron ne vînt frapper vigoureusement à
la porte du meunier. "Que veux-tu ? " Demanda ce dernier du haut de
sa fenêtre. " J'ai vu... j'ai vu..." "mais qu'as-tu donc
vu ? " " J'ai vu la Reine Jeanne descendre d'un carrosse " "bois
un peu plus et bientôt tu verras le Roi " "meunier, je n'ai pas
bu et je l'ai vue comme je te vois. "
Ainsi,
après avoir convaincu le meunier, la nouvelle se propagea. Les villageois
sillonnèrent les ruelles dans l'espoir d'apercevoir la Reine. Certains
visitèrent la taverne du Rocher, d'autres l'auberge du relais destinée
à recevoir les étrangers de passage. Mais rien n'y fit. Les habitants
déçus et penauds regagnèrent peu à peu leur demeure.
Le silence enveloppa le village et la nuit s'écoula paisible.
Dès
le matin, les villageois reprirent leurs activités quotidiennes. Quand
; Fait nouveau, le vigneron provoqua un rassemblement et pour cause ; Il présentait
une cape et prétendait l'avoir trouvée dans un chai situé
au fond d'une cour. "Rien ne prouve qu'elle appartient à la Reine.
" Dit la porteuse de pain. " "A qui d'autre, puisque personne ne
la réclame ? " Interrogea le vigneron. "Il est rare que tu te
rendes dans ton cellier en cette saison, celle-ci a peut-être été
oubliée depuis quelques temps déjà par un visiteur. "
Les hypothèses firent bon train et la rumeur sur la venue de la Reine Jeanne
traversa le temps jusqu'à nos jours. Un livre d'histoire relate peut-être
ce fait... mais ça... c'est une autre histoire...
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LE
TABLEAU
Lors d'une exposition de tableau,
alors que je rêvassais sur les thèmes exposés, je fus attiré
presque malgré moi vers un trompe l'il. Je m'attardais sur
le sujet afin d'en dominer le sens. D'un regard impudique, je parvins à
le pénétrer. Le tableau représentait un magnifique paysage
mais fait bizarre (autant que cela puisse l'être pour un trompe l'il)
dans cette représentation apparaissait un second tableau. Ce dernier accentua
ma curiosité. Je découvris avec langueur un extraordinaire champ
de fleurs. Tout à coup, surprise, un nouveau tableau émergeait parmi
les couleurs chatoyantes. Je continuais mon aventure et plongeais dans le décor.
J'y découvris un feuillage d'un vert printanier auquel s'associait une
merveilleuse rivière. Je me rapprochais, me rapprochais encore au bord
de la rivière, plus près, encore plus près et soudain, dans
le reflet des eaux claires... je vis... quelqu'un me suivait.
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L'EGOISTE
Ce
premier mai, jour de fête, il n'y alla pas par quatre chemins et acheta
le brin de muguet le moins cher du marché. Il rentra chez lui et l'offrit
à sa femme :
" Tiens... et j'espère qu'il te portera bonheur...
qu'on puisse le partager. "
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LE TARIN
Son
nez ; toute proportion bien gardée est un tunnel. Lorsqu'elle se mouche,
je remonte au passé et crois entendre un train à vapeur qui s'échappe
d'une gare.
Je vous garantis qu'il y a de drôles de clandestins coagulés
dans son mouchoir.
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LA
MALADIE
Le médecin auscultait son
patient.
" Depuis quelques temps docteur ces maux de tête persistent.
"
" A quel moment de la journée ? " questionna le docteur.
" Le soir en général. " répondit le patient.
" La tension est bonne... avez vous des problèmes, êtes vous
sujet à des insomnies ? " " Non docteur dans l'ensemble tout
va bien. "
" Toussez... quels ont été vos premiers
symptômes ? "
" Et bien tout a commencé il y
a trois semaines environ, mais je ne voudrais pas vous ennuyer avec des détails
qui n'ont peut être aucun rapport. "
" Allons, allons, racontez-moi,
les détails ont parfois leur importance. "
" Il y a trois
semaines donc, ma femme tardait à rentrer j'étais inquiet au point
d'être angoissé... je fus rassuré. "
" Bonsoir
mon chéri. " " Bonsoir je commençais
me faire du
souci. "
"
Excuse-moi, mon chéri mais j'ai été prise par
le temps.
Je n'ai pu te prévenir. Le patron m'a demandé d'éponger
la facturation, je te prie de croire que notre nouveau collaborateur n'a pas simplifié
les choses. " " N'oublie pas qu'avant d'être secrétaire,
tu es ma femme. " " Comment pourrais-je l'oublier mon amour ? Pourtant
il faudra que tu prennes ton mal en patience. Le collaborateur en question désire
toucher... à tous les systèmes internes du secrétariat. "
" C'est à partir de ce jour docteur que j'ai ressenti les premières
douleurs. " " La modification des horaires de votre vie de couple n'y
est peut-être pas étrangère... Asseyez-vous... ouvrez la bouche.
Il y a longtemps que vous avez ces formations osseuses au-dessus des tempes ?
"
" A vrai dire docteur je n'ai prêté aucune attention
particulière. "
" Vous avez mal quand j'appuie ? " "
Non, non. "
" Comment se déclarent ces migraines ? "
" Eh bien... tout d'abord j'ai un peu mal à la tête puis
la douleur s'amplifie, au niveau de mes tempes justement... j'ai alors l'impression
qu'il me pousse quelque chose. "
" Que pense votre femme de ces
maux ? "
" Ho je n'ai pas voulu lui donner du souci, elle a l'air
si heureuse depuis quelques temps... C'est grave docteur ? "
"
A vrai dire votre cas est assez complexe dans la mesure ou il concerne votre vie
privée. Je vais vous donner un diagnostic qui cependant n'est pas définitif.
Je vous demande de rester calme et surtout de garder votre sang froid. Vous...
vous... vous avez les symptômes de la cocufaction. "
(les
femmes sont comme les figues
elles ne tiennent que par la queue)
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LE HETRE.
Trois
amis promenaient dans une galerie. " Ce meuble est en hêtre indiquait
Monsieur Chaix. " " Mais non c'est du pin affirmait son ami Spire. "
" Le pin c'est plus clair, c'est du hêtre. " insistait Monsieur
Chaix. Le troisième qui était très efféminé
baissa légèrement la tête, regarda au-dessus de ses lunettes
et conclut d'une voix fluette : " En hêtre ou pas en hêtre, après
tout qu'est-ce que ça change... Messieurs Chaix Spire. "
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LA
PRESENCE DU SILENCE
La
réflexion bouillonne dans la solitude.
Ce soir là justement
j'étais seul... seul avec moi.
Le calme était profond comme
la nuit...
Pas un bruit... un silence d'or... transparent
Une subite envie
de lui parler me vint.
" Silence m'entends-tu ? " Chut, répondit
le silence, tais-toi. " Pourquoi ? " Parce que tu parles.
"
Et alors ? " Alors si tu élèves la voix tu ne pourras plus
m'entendre. " Pourquoi donc ? " As-tu déjà entendu le
silence dans le bruit ?... idiot.
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LE MISOGYNE
La
soirée battait son plein. Les bourgeois les plus infects étaient
réunis ; du jeune cancrelat qui rêve de s'enjuponner sous les puanteurs
de la bureaucratie, à la vieille araignée qui n'attire plus rien
dans sa toile sinon la maladie. Des groupes s'étaient formés au
fil des heures, seule une vieille commère faisait la navette. Elle s'articulait
et gesticulait en posant la même question.
"
Monsieur Somon, Monsieur Somon s'il vous plaît : quel est votre animal préféré
? "
"
Heu... sans aucune hésitation le lion. "
"
Ha Monsieur Somon... le lion... signe de domination. "
Elle
s'éloigna avec un rire d'hyène et poursuivie sa démarche.
" Madame Bouillon,
Madame Bouillon excusez-moi de vous importuner, je voudrais vous poser une question.
"
" Mais
je vous en prie. "
"
Madame Bouillon quel est votre animal préféré ? "
Il y en a plusieurs
mais pour répondre à une question précise je dirais, le chat.
" " Madame Bouillon... vous êtes une femme raffinée, le
chat ; ceci est proche de la chaleur et des coussins moelleux... ha Madame Bouillon.
"
Elle s'éloigna
de nouveau et se dirigea vers un hôte isolé.
"
HOOOO Monsieur Fox, misogyne convaincu... pourtant si charmant. Dans votre solitude
et si ce n'est pas indiscret, pourriez vous me dire quel est votre animal préféré
? "
"
Madame potin, pour vous prouver que ma misogynie n'est pas démesurée,
je vous répondrais que mon animal préféré est la Femme.
"
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LA
LEGENDE DE FONTAINE DE VAUCLUSE.
Les légendes sont les fruits de l'imagination. Pourtant certaines sont
si proches de la réalité que l'on peut se demander parfois si elles
n'ont pas vraiment existé, telles que : la légende de Fontaine de
Vaucluse.
Il
y a longtemps, fort longtemps, le Vaucluse fut envahi par une horde de barbares.
Les Vauclusiens offrirent une courageuse et honorable résistance mais hélas
! rien ne put arrêter les envahisseurs et tous les villages furent occupés
les uns après les autres. Un tyran régna en maître sur toute
la région et instaura ses propres lois. Afin d'éviter qu'une résistance
s'organise, il décréta que seuls les dimanches seraient des jours
de foire tolérant le rassemblement des paysans.
C'est
par un beau jour de foire que Donatien rencontra Florentine. Ils étaient
tous deux orphelins et très vite éprouvèrent un sentiment
profond l'un pour l'autre. Tous les dimanches Donatien vint à la foire
sous prétexte de négocier du bétail... Mais l'unique raison,
c'était Florentine. Elle habitait le domaine du tyran et sa tâche
n'était pas facile pour retrouver Donatien. En effet, pour y parvenir,
elle amassait des fruits et des légumes que ses amis, complices, avaient
la gentillesse de lui porter. Le dimanche venu elle se présentait aux portes
du domaine avec ses provisions et pouvait ainsi en franchir les limites.
Un jour de grand soleil, alors qu'elle cheminait gaiement vers la foire, deux
cavaliers vinrent à sa rencontre. Elle reconnut le vieux tyran et son fils.
Ce dernier eut le coup de foudre et décida de la prendre pour épouse.
Le vieil homme se mit à rire et ordonna à Florentine de ne plus
quitter le domaine jusqu'au jour de la noce. Elle les pria, les supplia de la
laisser porter une dernière fois ses paniers. Le vieux tyran laissa libre
choix à son fils de considérer son humble prière. Avec fierté,
il lui accorda cette faveur en lui recommandant de rentrer aussitôt. Les
larmes aux yeux Florentine retrouva Donatien et lui conta la mésaventure.
Ils cherchèrent une solution. Ils ne pouvaient se réfugier dans
aucun village sans compromettre les habitants et décidèrent d'aller
se cacher dans la montagne.
Après
plusieurs heures de marche, ils découvrirent une grotte. A l'entrée
se trouvait un énorme rocher d'où s'échappaient d'étranges
mugissements. Florentine et Donatien n'étaient pas rassurés, bien
sur, mais ils le furent moins encore quand ils aperçurent des cavaliers
sur le sentier qui menait à la grotte. Le tyran et son fils étaient
à la tête d'une armée. Donatien demanda à Florentine
d'aller s'abriter au fond de la grotte, puis, à l'aide d'un vieux tronc
d'arbre qui lui servit de levier, il essaya de faire basculer le rocher. Son but
était non pas de faire disparaître l'armée sous l'énorme
pierre, ce qui était impossible, mais plutôt de libérer le
monstre qui mugissait au-dessous et ceci au prix de leur vie. Ses efforts furent
récompensés, le rocher perdit son équilibre et roula dans
un terrible fracas... Donatien rejoignit Florentine, ils prièrent ensemble.
Devant eux, la terre grondait dans un bouillonnement mystérieux. Tout à
coup, il y eut comme une explosion, une gigantesque torche d'eau jaillit se transformant
en un terrible torrent. Tous les cavaliers furent emportés par les eaux
folles. Donatien et Florentine restèrent longtemps blottis au fond de la
grotte. Puis le torrent se transforma peu à peu en une merveilleuse rivière.
Ainsi, ils purent regagner le village sains et saufs.
Le
dimanche venu une grande fête eut lieu pour célébrer la liberté
retrouvée mais aussi le mariage de Donatien et Florentine. La légende
de Fontaine de Vaucluse était née gardant à jamais le secret
de sa source.
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LA
DRAGUE.
Elle était
belle, très belle, très très bête aussi, j'en étais
conscient mais la beauté a parfois des pouvoirs qui peuvent réduire
la raison à une certaine dimension. Comme je le faisais parfois, (souvent
même) je comparais ma future conquête à une autruche. Bel animal
élégant, fier, dont le cou si long, si fin, supporte une petite
tête. Ainsi paralysé par sa beauté, perturbé par sa
présence, je m'efforçais de ne pas révéler de protubérance.
J'avais l'air con. Cette réaction était peut être une réponse
à l'inertie de sa beauté. Toujours est-il qu'elle se rapprocha très
près, très très près de moi et plongea son regard
dans le mien. " Tu as de beaux yeux me dit-elle avec un sourire fabriqué
maison. " Je répliquais. " C'est normal... puisque je vous regarde.
" " Ho ! Mais tu es bien prétentieux dit-elle avec arrogance.
" Je réalisais qu'elle avait raison.
(les imbéciles ont pour défaut
de prendre pour idiot
ceux qui se mettent à leur niveau)
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LES
POCHES
Cet
ouvrier là était différent de ses camarades et pour cause;
il avait été l'héritier d'une grande famille. Pourquoi se
trouvait-il donc dans cette entreprise ? Tout simplement parce qu'il avait lapidé
en un temps record toute sa fortune. Il n'avait jamais su être économe
et tout l'argent qu'il gagnait était aussitôt perdu. Ironie du sort,
le poste qu'il occupait dans l'atelier le destinait à confectionner des
poches. Son salaire subvenait difficilement à ses fins de mois car son
pêché mignon était et avait toujours été : la
dépense. Ceci lui avait valu le surnom de Bayard. Le qualificatif qui suivait
était moins historique : chevalier sans peur et sans poche.
Les
poches précisément ; travail ingrat et quotidien qui paradoxalement
était le sujet de ses rêveries. En effet, suivant les formes, les
tissus, il imaginait la vie que pourraient mener toutes ses poches. Celles d'un
banquier recevant une liasse détournée au cours d'un bref inventaire.
Celles d'un trésorier douteux contenant des billets douteux comme lui,
celles d'un antiquaire réconfortées par la réception d'argent
venu de l'étranger, celles d'un avare étouffées par la grosseur
d'un portefeuille et menaçant de céder sous le poids de sa tâche,
celles d'un banquier (oui je l'ai déjà dis mais plus véreux
encore) enfin la vie d'une poche a tant de secrets qu'il serait déplacé
de vouloir les conter. Ainsi les journées de cet ouvrier devinrent moins
pénible grâce à son imagination. Un jour, il lui vint une
idée. Une idée originale mais risquée. Il décida de
fabriquer en cachette deux grandes poches, (vous avez deviné pourquoi ?
Non ? (c'est bien normal puisque seul l'auteur connaît la suite qui est
celle ci). Deux grandes poches pour contenir le plus d'argent possible. Non, non
ce n'était pas pour y contenir ses économies puisqu'il lui était
impossible d'en faire... C'était pour mettre l'argent du hold-up. Le hold-up
de son entreprise. Il monta son coup à la perfection car s'il était
le roi de la dépense, le seigneur des gaspilleurs, il était loin
d'être un imbécile. Le jour J tout se passa comme prévu, il
s'était même permit le luxe de remplir les deux énormes poches
en chantonnant : Henri... enrichi... Henri... chi Pourtant malgré
la somme récoltée, il ne s'était pas enrichi pour autant
ni pour longtemps car vous le savez cet homme là avait les poches trouées.
(le
bois qui se consume trop vite, ne chauffe pas la maison de celui qui l'habite)
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LA LEGENDE DE LA PIERRE PLANTEE.
Découverte
à Vitrolles, dans les Bouches du Rhône, la Pierre Plantée
est un énorme bloc en forme de menhir. Un rond point porte son nom. Sa
signification ne fait pas l'unanimité. Etait-elle un point de repère,
un sanctuaire ? Les hypothèses ne manquent pas. Inspirée de ce
mystère, la légende de la Pierre Plantée conte une histoire
qui comme toutes les merveilleuses histoires commence par...
Il
était une fois... un homme très austère. Lorsqu'il rencontrait
quelqu'un dans l'embarras, plutôt que de l'aider, il se moquait de lui.
Par un petit matin d'hiver, il croisa sur son chemin une vieille dame. Elle portait
un fagot de bois et avançait à grand peine. " Quelle idée
de vous charger ainsi dit-il ? " La pauvre dame, épuisée, déposa
son fardeau. " Si vous pouviez m'aider à rejoindre ma charrette qui
se trouve sur le grand chemin, ce serait gentil. " " Allez plutôt
la chercher pour charger votre bois sur place. " " Ce lieu est trop
encombré pour être accessible répondit la vieille dame. "
" Eh bien faites donc plusieurs voyages ! " " Hélas, je
suis trop vieille. " L'homme s'approcha et saisi le gros tas de bois. "Vous
voulez bien m'aider ? demanda t- elle " "bien sûr. " Il divisa
le chargement. " Voilà dit-il, ça c'est pour vous... et ça
c'est pour moi. " " Mais que voulez vous dire ? " " S'il vous
est trop pénible de transporter ce fagot, nous n'avons qu'à le partager.
Vous serez soulagée et je serais récompensé. " Cela
n'est pas honnête. " L'homme grimaça. Il fit quelques pas, s'adossa
contre un énorme bloc de pierre et croisa les bras. " A votre guise...
j'ai tout mon temps. " Tout à coup, un étrange brouillard enveloppa
la vieille dame. Elle réapparue sous les traits d'une fée. L'homme
était paralysé. " Tu vois, dit-elle, tu ne peux plus ni bouger,
ni parler, cela va te permettre de m'écouter. Puisque tu ne te soucies
guère des autres et que tu as trouvé un réconfort auprès
de ce bloc de pierre, je te condamne à le transporter. Si tu t'en éloignes
de plus de vingt pas, tu mourras. " Quand l'homme retrouva ses esprits, il
s'éloigna.
"
Quel cauchemar " se dit-il. Une voix l'interpella. " Retournes immédiatement
sur tes pas, ta vie en dépend. " Il se précipita vers le bloc.
Son cauchemar était bien réel. Désormais, sa vie devint un
lourd fardeau. Il fabriqua un harnais et parvint péniblement à se
déplacer. Tantôt il tirait sa charge, tantôt il la faisait
rouler selon les circonstances et les chemins qu'il empruntait. Sous la pluie,
sous le vent, il fut condamné à une terrible errance. Son seul réconfort
était l'aide que lui apportaient les paysans. Il acceptait la nourriture,
mais refusait le gîte. Si bien qu'au fil du temps, les gens du pays l'appelèrent
: " le sans-abri. " Lorsqu'il passait près d'une ferme des voix
s'élevaient. " Tiens, v'là le sans abri, donnez-lui du pain,
donnez-lui un bol de soupe... " Sa vie devint une lutte quotidienne. Les
jours succédaient aux nuits et les nuits aux jours. L'automne touchait
à sa fin. Les dernières feuilles frissonnaient sous l'aile du vent.
Le sans-abri errait toujours.
Alors
qu'il traversait un plateau, il entendit des plaintes. Il se dégagea du
harnais qui le liait à son joug et fit quelques pas. Tout à coup,
le sol se déroba sous ses pieds. Il parvint miraculeusement à retrouver
son équilibre et aperçut en contrebas, une jeune fille suspendue
dans le vide. " Aidez-moi, Aidez-moi. " " Ne bougez pas, je vais
vous sortir de là dit-il. " Il jugea la distance qui le séparait
du bloc de pierre. Elle ne lui permettait pas d'aller au-delà sans mettre
sa vie en péril. " La branche est en train de céder gémit
la jeune fille. " " Ecoutez, le cordage est trop court, je vais m'attacher
les poignets et me laisser glisser le long de la paroi, vous vous agripperez à
moi pour atteindre la corde... mais quoi qu'il arrive continuez de grimper insista
le sans-abri. " Après maints efforts, la jeune fille atteignit le
sommet. Il s'étonna d'atteindre à son tour les bords de la falaise
sain et sauf. La jeune fille en pleurs le remercia mille fois avant de partir.
Après avoir réussi, non sans peine, à contourner la falaise
avec sa lourde charge le sans-abri s'endormit. Il entendit une voix.
"
Les fardeaux d'une vie diffèrent selon les destinées. Puisque, tu
as pris conscience du bien et du mal, puisque tu sais maintenant que la vie n'a
de sens que si les sentiments et les actions communiquent, je lève le sort
que je t'ai jeté. " L'homme n'avait pas rêvé, car le
bloc n'était plus couché mais dressé vers le ciel. La paix
dans l'âme, il reprit sa route en toute liberté laissant derrière
lui la pierre Plantée.
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RUPTURE
Ce soir elle pourra frapper à la
porte, je ne lui ouvrirai pas. Elle ne mérite que ça. Non, ce soir
je ne lui ouvrirai pas. Je ne supporte plus ses caprices, ses manières,
ses abus. Sa féminité est excessive. Mes amis me parlent avec précaution
et me plaignent du regard. Quinze années d'amitié : quel résultat.
Ce soir, je ne lui ouvrirai pas. Je l'ai pourtant aimé c'est vrai
Ce soir c'est fini. Nous aurions pu être heureux
Qui est là
? ...ha c'est toi. "
" Qui veux-tu que ce soit, ta mère ?
Je suis rentrée plus tôt que prévu pour te parler. Je m'en
vais... CE SOIR. "
(il y a des gens qui modifient leurs souvenirs
pour se donner l'illusion d'avoir été à la hauteur de ce
qu'ils ont vécu)
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LETTRE
AUX EDITEURS
Certains
guident prétendent que l'édition d'ouvrages d'auteurs inconnus relève
du miracle.
N'ayant pas projeté de me rendre à Lourdes mais
désireux de me convertir au rôle d'auteur,
je prends la liberté
de vous faire parvenir un ouvrage...
Vos réponses guident nos travaux,
j'espère qu'elles m'éviteront d'inutiles pèlerinages.
(chacun
voit l'horizon de là où il se trouve)
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LE
FUMEUR
Le feu
crépitait dans la cheminée. Depuis plus d'une heure il cherchait
ses cigarettes. Il ne les trouvait pas. Il était assez têtu et assez
bête pour y passer la nuit s'il le fallait. Il chercha partout pendant plus
d'une heure. Tout y passa jusqu'à en casser la moitié de la
belle vaisselle offerte par sa moins belle, belle-mère. Enfin il les trouva.
Elles étaient simplement sur son lit. Il est vrai que depuis son divorce
il n'avait guère attaché d'importance à ce dernier.
Ses beuveries successives le ramenaient que très rarement chez lui. Pourtant
elles étaient là, en papier et en tabac. Il s'allongea sur le lieu
du sommeil déserté, prit son paquet de cigarettes, choisit la première
qui se présenta et la posa sur le coin de ses lèvres.
Le
plaisir. Un certain plaisir était déjà. Il plongea une main
dans sa poche et sorti un... un porte-bonheur qui ne fit pas le sien sur l'instant.
" Tiens, se dit-il, où est mon briquet ? " Il fouilla dans son
autre poche. " Il ne manquerait plus que ça. " Mais c'était
bien ça, il avait maintenant égaré son briquet. Il
se pencha vers sa table de chevet, ouvrit le tiroir et fouilla d'une main hasardeuse.
Il récolta de nombreuses pochettes d'allumettes mais comble de misère
des pochettes sans allumette. Il se leva brusquement et chercha. Il trouva d'autres
pochettes mais sans le contenu indispensable pour une mise à feu. Le scénario
précédent se répéta et la colère prit le dessus.
Tout y passa, des meubles aux tiroirs en passant par les boîtes à
idées qui ne lui révélèrent rien d'ailleurs. Sa détermination
fut telle qu'il en cassa l'autre moitié de sa belle vaisselle offerte
toujours par sa moins belle, belle-mère. Il retourna la maison sans résultat
puis se laissa tomber, les bras en croix sur son lit, la cigarette clouée
au bec, crucifié par l'évidence. S'endormir sans fumer quel supplice
pour un fumeur invétéré. Pourtant la solution était
simple, nous aurions pu la lui dire...
(si
quelqu'un se vante de vous avoir aidé,
c'est qu'il y a aussi trouvé
aussi son intérêt).
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LA
BIOGRAPHIE.
Mes écrits
naufragent quelquefois dans des tiroirs. C'est ainsi qu'il m'arrive, lors de fouilles
improvisées, de repêcher des textes oubliés. Ainsi, par l'un
de ces bienheureux hasard, je découvris une biographie. Bienheureux car
non seulement les propos étaient élogieux mais de plus, ils retraçaient
mon parcours artistique. " Sauveur BOX est né le 27 Juin à
Marseille. Ce sont ses rédactions d'écoliers qui révèlent
des prédispositions à l'écriture
etc. Les phrases étaient
bien construites, simples, directes, compactes, comme je les aime. Cependant,
je m'interrogeais. Qui avait pu avoir tant de gentillesse, d'attention, de respect
à l'égard de mes activités ? Ce ne pouvait être mes
copains, le peu qu'ils en savaient était ce que j'osais leur raconter lorsque
nous nous rencontrions. Qui plus est, nos rencontres étaient aussi brèves
que rares. Je poursuivais ma lecture. " Cet auteur possède plusieurs
cordes à son arc... " et pourquoi pas une nana ? Non c'était
impossible, aucune ne pouvait se vanter d'avoir eu le privilège d'être
mon amie. J'avais toujours pensé que ce sentiment ne pouvait les habiter
sérieusement. Mes rapports les concernant s'étaient toujours situés
au niveau de la ceinture. De plus, si l'une d'elles avait été l'auteur
de ces phrases, où il était question d'arc, l'allusion aux flèches
auraient été faite les mettant ainsi en position de cibles. Ainsi;
après avoir dissipé, non sans effort, les images qui m'étaient
revenues, je repris mon agréable lecture. Mais les dernières phrases,
pas plus que les premières, ne me révélèrent le nom
de cet apôtre. Je terminais ma lecture avec une certaine nostalgie. Il n'y
avait ni nom, ni signature, juste deux initiale S.B...Mais
là je compris.
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L'ETERNEL
RECOMMENCEMENT
Depuis
longtemps il vivait seul, complètement isolé. La quatrième
guerre mondiale avait fait son uvre. Désormais la terre comprenait
deux déserts ; un désert de sable et un désert de ruines
traversés sans cesse par des brouillards de cendre. S'alimenter était
un problème quotidien ; seuls les rats et quelques espèces d'insectes
lui avaient permis de survivre. Cependant il redoutait toujours les effets radioactifs
et biologiques surtout depuis qu'il était sujet à de fortes nausées.
Pour surmonter sa détresse il n'avait qu'un espoir : trouver un survivant,
rencontrer quelqu'un... un être. Un jour alors qu'il faisait sa cueillette
de cancrelat, il se mit à pleuvoir. Une pluie boueuse comme il en tombait
depuis si longtemps. Il chercha un abri. Quand tout à coup, là,
à une centaine de mètres, parmi les ruines... une silhouette. Il
resta figé. " Ce n'est pas possible se disait-il, il y a trop longtemps
que je ne rêve plus... enfin quelqu'un... enfin quelqu'un... "
Des larmes coulaient sur ses joues
Pour se confondre avec la boue
Et son
visage de statue
Sculpté au milieu d'une rue
Exprimait en ces lieux
mystiques
Le vécu d'un destin tragique.
Ce
face à face semblait retenir le temps. Il se décida enfin... Il
marcha lentement, et, à travers le rideau de pluie, il aperçut la
silhouette venir à sa rencontre. Les ruines, la pluie, la boue et l'espoir
qui suspendait son vol. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres
l'un de l'autre. Son regard vitreux, brûlé par ce mélange
d'eau et de boue lui laissait entrevoir cette forme humaine. Il se rapprocha peu
à peu, lentement, puis tendit les bras
la silhouette eut la même
initiative. Dans un dernier élan, il se précipita vers elle ; à
ce moment là, il y eut un grand fracas... Ce n'était qu'un miroir,
un énorme fragment de glace. Il resta à terre prostré
parmi les débris. Une angoisse le tenaillait, il était persuadé
d'une présence autre que la sienne, il était certain d'avoir vu...
Il regarda ses mains, caressa ses cheveux, sa poitrine, il comprit... il devenait
femme.
(sur les chemins
tortueux de la réflexion, la méditation est un soc qui laboure l'esprit
dans les nobles sillons de la pensée)
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LA
BEAUTE LA RAISON ET LE COEUR.
La
nuit portait son habit noir. Un habit sans étoile, profond et sombre. Je
m'étais tardivement assoupis me laissant peu à peu emporté
vers les chemins ténébreux du sommeil. Des bûches de bois
crépitaient encore dans la bouche béante de la cheminée.
Les paupières mi-closes, papillonnantes, je dessinais dans la mouvance
de mon regard des formes insignifiantes. Je pris un certain amusement à
les animer. Tantôt fermant les yeux, tantôt légèrement
ouverts, fusionnant ainsi mes visions avec la danse moribonde du feu. Je prêtais
des aspects à mes hallucinations. Je reçus en retour l'étreinte
d'une angoisse si bien qu'une peur étrange s'empara de moi. J'avais beau
penser que tout cela n'était qu'imagination, mirage nocturne, je n'étais
pas rassuré pour autant. J'avais peur. La solution était pourtant
simple pour effacer ces images ; ouvrir grand mes yeux, me lever et allumer la
lumière. Mais une force étrange me maintenait cloué, immobile.
Je prolongeais mes efforts parvenant presque à m'articuler, quand tout
à coup, j'entendis une voix. " Vous avez froid ? on dit pourtant que
le cur tient chaud" Je faillis m'évanouir. La position dans
laquelle je me trouvais avait un avantage : elle m'évitait la chute. Ma
peur céda à la terreur. J'étais stupéfait, tétanisé,
momifié, plongé dans un gouffre. Dans l'étincelle d'un bref
raisonnement, j'eus à peine le temps de m'interroger à savoir si
la question m'était posée qu'une seconde voix résonna dans
jusque dans mes tempes. " Je n'ai pas froid mais quel moment merveilleux
que d'être auprès d'un feu ; il est vrai que ce bonheur simple et
chaleureux doit éveiller en vous un sentiment unique : luxure. " "
Hoooo " reprit la première voix surprise mais pas plus que moi je
l'avoue. J'étais mort, mort de peur, J'étouffais. Bien que certain
de faire un cauchemar, je ne bougeais plus. En quelques fractions de seconde j'étais
envahi de mille pensées. Une troisième voix, différente des
précédentes et d'un ton plus autoritaire se fit entendre. "
Je vous en prie, le hasard nous a réuni, essayons d'en convenir afin que
cette nuit ne nous soit pas trop ennuyeuse. " J'étais maintenant horrifié,
pour la première fois je me surprenais en train de prier. Dieu existait,
la peur m'avait converti. A bien y réfléchir, j'aurai préféré
qu'elle me donne des ailes. Est-ce que je dors ? Est-ce que je rêve ? J'essayais
de me convaincre. Une conversation chez moi, par je ne sais quels fantômes.
Lève toi et marche toi pensais-je. Malgré cette formule divine qui
avait parait-il fait ses preuves, mon esprit, ma volonté, mes jambes, mon
corps, restaient absents. Cependant poussé par un héroïsme,
dans d'immenses efforts, j'ouvris une paupière. J'aperçut sur la
droite de la cheminée la forme qui m'était apparue la première,
son insignifiance persistait. Mon héroïsme et mon effort redoubla,
j'ouvris la seconde. La seconde paupière. Je découvris au centre
une autre forme plus insignifiante encore. Mais qu'est-ce que c'est ? Un pèlerinage
de fantômes. Et pourquoi pas une surprise partie tant que j'y suis. Malgré
la peur qui me tenaillait, j'essayais de donner à chaque ombre la voix
qui correspondait. Sur la droite le timbre était plutôt féminin.
Quant aux deux autres... "vous ne dites plus rien, (je faillis sursauter)
nos différences doivent respecter nos sensibilités et nous devons
tout de même parvenir à converser sans pour cela nous quereller.
" Le silence reprit le dessus, j'essayais d'en faire autant. La voix que
je venais d'entendre était plus puissante que les précédentes
et provenais du centre, donc de la forme la plus insignifiante. Cette voix là
était grave, je dirais plutôt masculine. Il me restait à définir
la troisième voix, celle qui par ordre croissant se situait sur la gauche.
Malgré la peur incessante d'être de nouveau secoué par
une intervention vocale ou pire, j'essayais de définir son timbre. Poussant
l'héroïsme à son comble, triplant mes efforts, je soulevais
mes deux paupières. Comme pour répondre à ma question, elle
s'exprima de nouveau. " Même si j'en ai parfois accusé qu'une
timide approche, je n'ai jamais craint le dialogue. " Cette voix là
était la plus douce. Elle parlait avec son cur. La voix féminine,
caressa de nouveau le silence. " Vos paroles sont peut-être sincères,
j'en conviens, mais ne vous ne pensez-vous pas que la beauté est une des
jouissances de la vie ? " " Peut-être, peut-être (répondit
la voix du cur) seulement je m'oppose au contexte des fausses images. Je
veux dire en cela que la beauté doit être ce qu'elle est, et non
le reflet d'une image octroyée par des forces ou des faiblesses qui lui
sont étrangères et qui ne sont en définitive qu'un bouclier,
un maquillage, une dissimulation. " La conclusion vint du centre. "
L'apparence est un fait, non une vérité. " Son raisonnement
semblait un arbitrage, elle était la raison. La voix féminine, sensuelle,
défendait la grâce, le charme, elle était la beauté.
Quant à celle de gauche dont la référence s'attachait aux
sentiments, je parvenais difficilement à la définir. L'absence d'une
enveloppe physique n'y était peut-être pas étrangère.
J'en concluais qu'elle était neutre. C'était le cur tout simplement.
Et moi, j'étais quoi ? Peut-être la mémoire d'un rêve.
La beauté secoua de nouveau le cur, je participais à la secousse.
" Nous ne sommes ni en enfer, ni au paradis, ici rien n'est pur. " Si
nous n'étions ni sur terre, ni au ciel, où étions-nous donc
pensais-je. Peut-être fallait-il que je raisonne sous une autre dimension.
Le cur restait muet. La beauté l'interpella encore. "
Vous accentuez votre égoïsme en définissant une beauté
qui n'a d'image qu'en vous-même. Pensez-vous vraiment que cette forme puisse
exister sans désir, sans plaisir, sans l'éveil des sens ? "
Le cur sembla indigné. " Votre désir de vouloir tout
charmer, y compris la logique, ne vous permettra jamais d'être lucide "
La beauté ricana de nouveau. " Le charme et la beauté
ont des pouvoirs indéfinissables. " " N'exagérons rien,
souligna la raison, le charme et la beauté sont des valeurs réelles
mais ne leur prêtons pas des pouvoirs déplacés. L'intelligence
est le guide de nos actions, la clarté de notre savoir, il est indispensable
de marcher avec elle. " " L'intelligence ? (interrogea la beauté)
je doute de sa présence, par conséquent vous êtes le seul
apte à prendre en charge cette absence. " " Mon devoir se limite
à rester objectif. De plus cette absence ne peut être confirmée.
L'intelligence est peut-être parmi nous sans que nous le sachions, elle
peut s'éveiller à tout instant." " Son il sévère
nous épie peut-être souligna le cur. " " N'en rajoutez
pas trop, vous allez finir par me convaincre que l'intelligence nous espionne,
ironisa la beauté. " Je me sentis visé, non pas d'être
l'intelligence, mais l'espion redouté. " Vous croyez qu'il dort ?
" questionna le cur. Il est peut-être mort répondit la
beauté. " Vous faites aussi dans le morbide ? " demanda le cur.
" Il est vrai qu'entre le sommeil et la mort le fossé est étroit.
" ajouta la raison " Effectivement, ricana la beauté, c'est une
question de profondeur. " Je m'interrogeais de nouveau et n'osais croire
que j'étais maintenant le sujet de leur conversation. Je décidais
de me convaincre que je dormais, que je rêvais, que je faisais un cauchemar,
que je promenais dans mon inconscient et que l'aube me plongerai de nouveau dans
la réalité. " demandons lui suggéra la beauté
" " Dans quel but ? souffla la raison " " Dans quel but ?
dans quel but ? répéta la beauté
Il faut toujours que
vous trouviez un sens à votre motivation. Les mouvements fondamentaux de
la vie ne se posent pas de question eux, sinon rien ne tournerait. " Vous
mélangez tout, dit le cur " " Tout à fait dit la
raison, il faut faire une différence entre ce qui est, comme le temps qui
passe, et ce qui se maîtrise, comme l'action " " Vos réflexions
me fatiguent, je vais le lui demander
eh, (je ne bougeais pas) c'est à
vous que je m'adresse
n'ayez pas peur
vous dormez ? eh vous dormez
?
si l'intelligence vous fait défaut vous pourriez au moins avoir
la politesse de répondre
vous dormez ? " je décidais
de répondre pour entrer ou sortir de ce cauchemar " Oui
"
" Qu'il est bête reprit le cur, comment peut-il répondre
qu'il dort, s'il dort ? " " Ne jugez pas hâtivement, répondit
la raison, les réponses insensées permettent quelquefois de prévenir,
d'évaluer " " C'est ça répondis-je
de toute
manière je suis convaincu que je dors enfin que je vis à travers
un rêve alors
" " C'est trop facile, dit la beauté,
on consomme et après on dit que c'est pas bon " " Mais laissez-le
tranquille s'indigna le cur, vous ne consommez pas vous peut-être
" " Oui, je consomme et sans honte, c'est tout à mon honneur,
la nature m'a faite pour ça, tout ce qui vit se consomme " "
Ca se discute dit la raison, le verbe consommer n'est peut-être pas le mot
qui convient " " Pas du tout repris-je aussitôt " "
En plus il fait du zèle s'étonna la beauté " "
C'est vous qui l'avez invité non ? questionna le cur " La beauté
n'eut pas le temps de répondre j'intervins de nouveau. " Invité
à quoi ? " " Ne prenez pas le mot invité à la lettre,
invité dans le sens interpellé et ceci tout simplement par curiosité,
par désir de provoquer " " Ce n'est pas étonnant dit le
cur mais avez vous pensé aux conséquences
et s'il ne
se réveille pas ? " (j'étais stupéfait de quelles conséquences
? si je ne me réveille pas ?) excusez-moi mais qu'entendez-vous par conséquences
et pour quelles raisons je ne me réveillerai pas ? " " Pour quelles
raisons ? dit la raison, pour la bonne et simple raison qu'il est possible que
vous ne soyez pas plongé dans votre sommeil mais que vous soyez tout simplement
déjà mort. " Malgré la terreur qui s'emparait de moi,
je tentais d'humoriser la situation " Si la mort pose tant de question c'est
pas triste " " Et oui dit la beauté, le problème c'est
que tout vient de vous " " Mais que voulez-vous dire ? " "
Gardez votre sang froid, insista la raison. Il faut que vous soyez à la
hauteur de votre épreuve " " Mais j'ai rien demandé moi
? " " Vous n'avez rien demandé, vous n'avez rien demandé,
vous êtes bien entré de votre plein gré dans un raisonnement
général ? " " Oui et alors ? " " Alors dit la
beauté si nous en sommes là c'est uniquement grâce à
vous. " " Ou à cause dit le cur " " Je ne comprend
pas
vous n'existez pas ? " " Vous voyez que vous comprenez dit
la raison... pas tout, mais ça vient." " Comment pouvez-vous
ne pas exister ? " " Nous existons
à travers vous
vous comprenez ? " " Et que va t-il se passer ? " " Ca, reprit
le cur c'est vous qui déciderez
consciemment ou inconsciemment.
" " Comment puis-je être considéré comme décideur
et décider inconsciemment. " "Vous voyez dit la raison, vous
raisonnez, vous êtes moi
vous en prenez conscience ? " "
je suis vous
je suis vous mais qu'est-ce que ça veut dire ? "
Ca veut dire que vous êtes aussi moi dit le cur " " Et moi
dit la beauté " " Vous n'existez pas ? " " Mais si
dit la beauté d'une voix langoureuse
nous existons
à
travers vous " " Je vais vous faire disparaître dis-je calmement
" " C'est possible et d'ailleurs fort probable dit la raison" (j'hésitais
de demander de quelle manière devais-je m'y prendre mais je le fis) "Et
comment faire pour y parvenir." " Il n'y a pas de recette, tout se fera
lorsque vous serez tout à fait mort " " Que vous n'aurez plus
de cur, de cur à vivre par exemple dit le cur "
" Et que la beauté vous abandonnera pour laisser place à l'inertie...
et que la raison n'aura plus lieu d'être...
(les
gens qui n'ont pas d'idée n'ont pas le pouvoir d'imaginer que les autres
puissent en avoir.)
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COMPLEXE
MATHEMATIQUE.
Le
nombre un est le premier de tous les nombres. Il est l'unité minimale imposée
pour l'être. Le cas contraire représente l'infériorité
unitaire exemple : un quart, un demi, etc. Ces fragmentations ne représentent
plus d'unité réelle mais des parties qui ajoutées à
d'autres dans une proportion logique reformeraient la part entière du sujet
c'est à dire UN. La supériorité unitaire ne détruit
pas l'unité car elle en est tributaire dès sa croissance. Exemple
: Deux sont UN plus UN, une unité ajoutée à une autre.
Voici
un autre exemple ou paradoxalement l'unité représente une masse
controversée elle-même par une autre unité équivalente
même si celle ci est plurale : UN cas parmi TANT D'AUTRES. Dans la phrase
citée, le nombre UN représente une personne pour la départager
des autres personnes qui sont toutes évidemment l'une entres elles et forment
par leur union une masse c'est à dire TANT D'AUTRES. Il est donc concevable
que TANT D'AUTRES est une masse, une unité semblable au UN. En conclusion
le UN solitaire et le UN de la masse (c'est à dire tant d'autres) ne font
qu'un. Seule la pluralité du contexte les désunis.
Voici
un autre rapport d'unité avec la phrase précédente
: UN auteur lu par ses lecteurs. L'auteur précédé du UN le
départage de la masse : ses LECTEURS. Ceux ci sont également précédés
mais d'un pronom représentant un nombre indéfini : DES. L'auteur
est donc le point de mire du sens, les lecteurs ne sont qu'un complément
analytique. Le rapport avec le premier exemple se situe dans la masse. Le premier
était TANT D'AUTRES, le second, SES LECTEURS. Leur nombre respectif est
indéfinis mais identiques dans la valeur. TANT D'AUTRES représentaient
: un autre plus un autre etc. donc la masse dite. Idem pour ses LECTEURS : un
lecteur plus un lecteur etc. Leurs nombres sont indéfinis mais leurs rôles
qualificatifs sont communs. Pour conclure, je laisse le lecteur soumis à
des pensées qui lui sont propres, il représente ainsi l'unité
UN.
(ecrire, c'est tellement simple que ça
paraît facile)